Mesures de sécurisation des produits issus du corps humain suite à la survenue en France de cas équins d’infections à virus West Nile (WNV)

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Rédigé le 15/11/2019
Actualités médicales
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Le virus West Nile

Le virus West Nile (VWN) ou virus du Nil occidental, est un virus qui infecte accidentellement l’homme. L’infection humaine est asymptomatique dans 80 % des cas. Dans 20 % des cas elle se manifeste par un syndrome pseudo grippal. Dans 1/150 des cas environ elle provoque des manifestations neurologiques : méningite, encéphalite ou méningo-encéphalite. La mortalité des formes neurologiques est évaluée entre 7 et 9 %.

Le cycle habituel du virus implique des moustiques vecteurs et des oiseaux, jusqu’ici considérés comme le réservoir animal du virus. L’homme, comme le cheval, sont des hôtes accidentels du virus et ne permettent pas la poursuite du cycle de transmission.

La transmission du virus à l’homme se fait habituellement par piqûre d’insecte. Toutefois, la transmission par produits sanguins labiles et greffons humains a été observée et constitue donc un risque réel de transmission interhumaine.

En France métropolitaine, le virus a été détecté au début des années 1960 et à nouveau en 2000 en Camargue, chez des chevaux. L’analyse de cas groupés humains et équins survenus en 2003 dans le département du Var ainsi que les données internationales ont conduit à proposer en 2004 une adaptation des mesures de surveillance et de protection jusqu’alors en place. Depuis 2007, aucune circulation du virus West Nile n’a été détectée en France métropolitaine, alors que depuis 2010, une recrudescence de cas équins et humains de West Nile est observée dans de nombreux pays d’Europe du Sud et de l’Est.

Le guide de procédure de lutte contre la circulation du virus West Nile en France métropolitaine a fait l’objet d’une actualisation. Les principales modifications du guide, annexé à cette circulaire, portent sur l’organisation de la cellule nationale d’aide à la décision et la cellule d’aide à la décision relative aux « éléments et produits du corps humain », et sur les mesures de gestion des éléments et produits du corps humain en cas de circulation virale. Le volet « santé animale » n’a pas évolué à l’exception de la définition du niveau 1 de risque qui a été élargie à toute preuve de circulation du virus du West Nile dans l’avifaune sauvage et domestique et ne se limite plus uniquement à la mortalité aviaire.

Par ailleurs, la surveillance humaine du West Nile a permis de détecter depuis 2003 plusieurs cas annuels d’infection à virus Toscana (VTOS). Ce virus se manifeste la plupart du temps par une fièvre et plus rarement par une infection plus sévère neuro-invasive à type de méningite fébrile à liquide céphalo-rachidien (LCR) clair. Ces infections à VTOS sont transmises par des phlébotomes et de nombreuses inconnues persistent quant au cycle de transmission du virus. La survenue de ces cas d’infections neuro-invasives à VTOS témoigne d’une endémicité et d’une circulation de ce virus sur le pourtour méditerranéen et justifie parfois d’une prise en charge en réanimation avec exceptionnellement la survenue de séquelles neurologiques. En raison de la sévérité potentielle des infections à VTOS et de leur endémicité sur le littoral méditerranéen (et en particulier en région Paca), une surveillance exploratoire des infections neuro-invasives à VTOS a été couplée officiellement, à la surveillance du VWN. 


Plusieurs cas équins d’infection à West Nile Virus (WNV) ont été confirmés dans les Bouches-du-Rhône et en Haute-Corse.

Le Haut Conseil de la santé publique, se basant sur les données historiques de cas équins et humains d’infections à WNV ces dernières années en France, et sur les liens éventuels entre cas équins et cas humains au vu de l’expérience européenne, a émis plusieurs recommandations.

  1. Lors du diagnostic d’un cas équin : alerte médicale locale auprès des services d’accueil et des urgences, des services de neurologie et dans les hôpitaux, rappelant la nécessité de rechercher le WNV devant un patient avec des signes d’infections neuro-invasives.
  2. Tenant compte des éléments ci-dessus et de l’historique, de la balance coût/bénéfice, le HCSP suggère, en cas de survenue de cas équins isolés, de ne pas déclencher un dépistage des donneurs de sang et d’organes, sauf en cas de diagnostic antérieur de plus d’un cas humain dans la même zone. La zone correspond en principe au département, mais ce point sera à rediscuter au cas par cas en fonction de l’épidémiologie et de la géographie locales.

Le HCSP recommande d’appliquer ces critères lors de la survenue de nouveaux cas équins isolés d’infection à WNV.

Mise à jour des pays et régions concernés (Italie, Allemagne)

Suite à la survenue de deux cas humains de West Nile Virus (WNV) à l’étranger (un en Italie, région des Marches, province de Macerata, et un en Allemagne, région de Saxe), ces deux régions ont été rajoutées à la liste des pays et régions à risque pour la saison WNV 2019, mentionnée dans l’avis du HCSP du 23 mai 2019

West Nile : mesures pour la sécurité transfusionnelle et des greffes

Le Haut Conseil de la santé publique émet 10 préconisations à adopter en 2019 en matière de prévention de la transmission du virus West Nile (WNV) par la transfusion sanguine ou par la greffe. L’objectif est de disposer d’une stratégie opérationnelle avec des mesures qui concilient les impératifs de sécurité sanitaire et de maintien de l’autosuffisance pour les produits sanguins labiles et de disponibilité des greffons. Ces préconisations sont déclinées pour les produits sanguins labiles d’une part et les organes, tissus, cellules d’autre part en fonction des alertes à l’étranger ou en France. Par exemple, à partir du 1er juin 2019, pour tout candidat au don de sang de retour d’un séjour d’un des 20 pays ou d’une des 11 régions à risque (cf. liste), un ajournement de 28 jours ou un test par diagnostic génomique viral (DGV) du WNV est mis en œuvre. Cette liste est actualisée en fonction de la situation épidémiologique au cours de la saison de circulation du WNV jusque fin novembre. Pour les alertes en France, le diagnostic génomique viral WNV en pools de 6 est mis en place à partir du 1er juillet pour les donneurs de sang prélevés dans les Alpes-Maritimes. Pour les organes, tissus, cellules, les recommandations de l’Agence de la biomédecine pour les donneurs habitant ou ayant séjourné dans le département, la région, ou le pays concerné, sont mises en œuvre.

Sources: HCSP https://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=746

CIRCULAIRE INTERMINISTERIELLE N°DGS/RI1/DGALN/DGAL/2012/360 du 1er octobre 2012 relative aux mesures visant à limiter la circulation du virus West Nile en France métropolitaine.