Bonjour ! Voici sans plus attendre les actualités de la semaine, bonne lecture !
1/ Cardiovasculaire
Une étude d'Annals of internal medicine revient sur le risque d'AVC à 1 an chez les patients atteints de FA dans une étude de cohorte rétrospective. Il y a eu 20 000 patients inclus, et à 1 an, seulement 30% environ des patients avaient un traitement anticoagulant (y compris en cas de CHA2DS2-VA >4). Chez les patients sans anticoagulants, le risque d'AVC était de 0,8% à 1 an si CHA2DS2-VA entre 1 et 4, et de 1,8% si supérieur à 4. C'est assez concordant avec le faible risque retrouvé ici et le faible risque de décès (0,2%) à 30 ans chez des femmes non traitées d'après Woolf en 1999.
Voici un nouvel article sur le score calcique. C'est une revue narrative dont l'intérêt est le tableau ci dessous. Les auteurs l'utilisent pour dire "que le score calcique pourrait aider à mieux traiter les patients borderline qui ne sont pas déjà sous statine". Cependant, on voit que pour les patients avec un risque < 5% selon le score américain ASCVD, il est inutile, pour ceux entre 5% et 7,5% il pourrait faire modifier la prise en charge qui est basée sur "considérer un traitement selon une décision partagée", et en fait plutôt permettre de déprescrire. En aucun cas il augmente la force d'indication à mettre un traitement par rapport aux recos américaines basées sur leur score clinico-biologique.
2/ Prévention
Cette étude de cohorte incluant 26 000 patients suivis pendant 20 ans a évalué le risque cardiovasculaire en fonction du niveau d'activité par semaine mesuré en "MET-minute par semaine" (on regarde le nombre de MET aux activités et on multiplie par la durée de l'activité en minute, en cumulant toute activité physique réalisée sur la semaine). Les auteurs trouvent que, par rapport aux patients réalisant moins de 500MET-minute/semaine, il y avait un bénéfice de l'activité physique sur le risque d'évènements cardiovasculaire jusqu'à 3000 MET-minute par semaine, mais que la réduction de mortalité globale était la plus importante pour les patients au delà de ce seuil.
Voici l'article vitamine D du mois avec les recommandations de la société américaine d'endocrinologie. Les auteurs sont contre le dépistage systématiques chez les adultes en bonne santé. Les auteurs recommandent une supplémentation 1/ chez les enfants de 1 à 18 ans pour "potentiellement" réduire le risque d'infection pulmonaires (en effet les revues systématique ici et là montre un bénéfice uniquement chez les 1-15 ans mais sans interaction ce qui signifie qu'il n'y a pas de raison d'interpréter cette classe d'âge différemment de l'ensemble des populations) 2/ chez les sujets âgés pour "potentiellement" réduire la mortalité (bah non , cf les revues systématiques et essais randomisés plus récents, c'est les comparaisons d'études observationnelles qui montrent un bénéfice) 3/ en cas de pré-diabète pour réduire la progression du diabète (on en avait parlé ici et là ...). Il n'y a que des recommandations "conditionnelles" basées sur un niveau de preuve faible, comme quoi il s'en est fallu d'un cheveu pour que ces recos disent qu'il ne fallait jamais supplémenter. Le cheveu en question peut être les liens d'intérêt. En effet, sur les 14 experts de la reco, il est noté qu'un seul avait des liens d'intérêt significatifs, mais en tapant au hasard le nom de quelques autres experts sur pubmed, ils ont des liens d'intérêt pharmaceutiques déclarés dans les autres articles qu'ils ont publiés....
Cette étude d'Annals of family medicine rappelle qu'il est important de prendre en charge le patient et sa famille quand il s'agit de modifications du mode de vie. C'est un essai randomisé proposant une intervention comportementale familiale de prévention cardiovasculaire (dépistage des facteurs de risque cardiovasculaire, séances de modification du mode de vie, orientation vers un centre de 1er recours si nécessaire). Ainsi, 750 familles ont été incluses soit 1600 personnes, et après 2 ans, les patients du groupe traité avaient un IMC plus bas que le groupe contrôle (-1,1kg/m²), la publication princeps ayant déjà montré qu'ils avaient également un meilleur contrôle tensionnel, du cholestérol et moins de tabagisme.
3/ Addictologie
Toujours pas disponible en France, les preuves d'efficacité de la cytisine s'accumulent dans le sevrage tabagique (on en avait déjà parlé ici ou là). Cet essai randomisé compare la cytisine (aussi appelée cytisinicline) pendant 6 semaines ou pendant 12 semaines versus placebo. Les patients du groupe intervention avaient un succès du sevrage supérieur au groupe placebo (NNT pour 6 semaines de traitement = 12 , et pour 12 semaines de traitement = 5). Après la fin du traitement, l'évaluation de la persistance du sevrage à 24 semaines une efficacité persistante avec un NNT de 18 pour le traitement de 6 semaines et de 6 pour 12 semaines de traitement.
Passons à la varenicline testée chez les jeunes de 16 à 25 ans dans un essai randomisé en 3 groupes: varenicline + conseils + SMS, placebo + conseils+SMS, soins courants + SMS. Après 12 semaines, le sevrage atteignait 51% dans le groupe varenicline, 14% dans le groupe placebo+ conseils et 6% dans le groupe soins courants, soit un NNT de 3 patients pour la varénicline. A 24 semaines, l'abstinence se maintenait avec un NNT de 5 patients.
4/ Rhumatologie
Voici l'essai de la semaine publié dans le JAMA. C'est la metformine (2000mg/j) testée versus placebo chez des patients de 58 ans ayant de l'arthrose du genou. L'EVA initiale était de 59/100 et a baissé de 31 points sous metformine et de 19 points sous placebo à 6 mois. Ainsi, la différence est statistiquement significative -11,4 points entre les 2 groupes. Cependant, les auteurs ont pré-spécifié que la différence minimale cliniquement pertinente était une différence de 15 points. Difficile d'être d'accord avec leur conclusion "ces résultats soutiennent l'utilisation de la metformine pour le traitement de l'arthrose symptomatique du genou chez les personnes souffrant de surpoids ou d'obésité", on est dans la même situation que l'efficacité statistique et non cliniquement significative que l'ostéopathie ou l'acide hyaluronique.
5/ Pédiatrie
Une revue du JAMA s'est intéressé aux éléments cliniques pertinents à relever pour suspecter une maltraitance chez un enfant. Dans le cadre d'un traumatisme crânien, les hémorragies rétiniennes ont un rapport de vraisemblance positif de 11. Pour les autres éléments, des ecchymoses des fesses (RV+ entre 15 et 83!) ou sur le cou (RV+ entre 2,2 et 84!) ou des ecchymoses à répétition (RV+ entre 2 et 66!) et des hémorragies sous-conjonctivales (RV+ entre 5,4 et 130!) sont les éléments les plus évocateurs. Les lésions orales comme rupture du frein labial (RV+ = 6,6) et toute fracture (RV+ =5,9) sont également des signaux mais loin derrière les principaux signes.
6/ Infectiologie
On avait parlé du Baloxavir comme le seul anti-grippal s'approchant d'un bénéfice clinique sur les hospitalisations et réduisant les symptômes de la grippe de 1 jour (cf ici). Le NEJM a publié un essai randomisé international évaluant une dose unique de baloxavir pour réduire la transmission de la grippe dans les foyers. Le patient index avait donc soit un traitement dose unique soit un placebo et l'entourage était testé à J5 pour évaluer le critère de jugement principal de contamination. Le critère secondaire était les cas positifs symptomatiques dans l'entourage. Il y eu 1500 cas index inclus et 2500 membres de l'entourage étudiés. Le critère de jugement principal (biologique) a été retrouvé chez 8,4% membres de l'entourage du groupe traité et 11,9% du groupe contrôle (NNT= 29, p = 0,01). Si on passe au critère secondaire (biologique et clinique), il était retrouvé chez 5% pour le groupe traité et 6,6% contrôle, sans différence significative. Donc on voit quand même que même sans traitement la transmission est plutôt faible et que le traitement ne réduit pas la transmission symptomatique qui est encore plus faible.
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A la semaine prochaine !