L'hormonothérapie aide-t-elle à la transition des femmes transgenres en cours de changement de sexe ?

Rédigé le 01/02/2021

Date de publication: 
28 November 2020
Auteurs: 
Haupt C, Henke M, Kutschmar A, Hauser B, Baldinger S, Saenz SR, Schreiber G
Groupe de Revue Principal: 

Contexte

Les femmes transgenres pourraient avoir l'impression d'être nées dans un corps présentant des caractéristiques sexuelles erronées. Cela pourrait entraîner une détresse psychologique importante (dysphorie de genre) et le désir d'adapter leurs caractéristiques physiques et sexuelles masculines afin qu'elles correspondent davantage à leur sexe féminin vécu. Il s'agit d'un processus appelé transition. Si des mesures d'aide à la transition ne sont pas prises, il peut en résulter une plus grande détresse psychologique. L'un des traitements médicaux administrés pour aider les femmes transgenres ayant un corps d'homme à réussir la transition est l'utilisation d'hormones féminines synthétiques. Ces hormones peuvent être prises par voie orale, absorbées par la peau ou injectées dans les muscles.

Caractéristiques des études

Nous avons cherché des essais contrôlés randomisés (ECR) incluant des femmes transgenres (16 ans et plus) en transition d'homme à femme. Les ECR sont un type d'étude de recherche susceptibles de réduire la possibilité de plusieurs types de biais. Pour être incluses dans cette revue, les études devaient comparer différents traitements hormonaux utilisés pour aider les femmes transgenres à faire la transition (oestrogènes seuls, bloqueurs de testostérone seuls ou oestrogènes en association avec des bloqueurs de testostérone), ou comparer ces traitements hormonaux à des placebos (traitements factices semblant être les mêmes que le traitement réel, mais qui n'ont pas d'effets médicaux). Nous voulions savoir si les traitements hormonaux aident les femmes transgenres à faire une transition dont elles sont satisfaites. Nous voulions également examiner si le traitement présentait des risques pour la santé.

Principaux résultats

Nous avons recherché des études jusqu'au 19 décembre 2019. Nous n'avons pu trouver aucune étude pertinente achevée à inclure. Nous avons trouvé une étude en cours visant à recruter toutes les personnes participant à l'étude d'ici à la fin de 2020. Cette étude compare les effets du traitement au valérate d'oestradiol associé à la cyprotérone avec le traitement au valérate d'oestradiol associée à la spironolactone chez des femmes transgenres en transition en Thaïlande.

Qualité des données probantes

Notre étude n'a pas identifié d'ECR s’étant penchés sur la question de savoir si les thérapies hormonales sont efficaces et sûres lorsqu'elles sont utilisées pour aider les femmes transgenres à faire la transition. Ainsi, des ECR de grande qualité sont nécessaires pour étudier ces questions.

Conclusions des auteurs: 

Nous n'avons pas trouvé suffisamment de données probantes pour déterminer l'efficacité ou la tolérance des approches de traitement hormonal pour les femmes transgenres en transition. Ce manque d'études montre un écart entre la pratique clinique actuelle et la recherche clinique. Des ECR solides et des études de cohorte contrôlées sont nécessaires pour évaluer les avantages et les inconvénients de l'hormonothérapie (utilisée seule ou en association) pour les femmes transgenres en transition. Les études doivent se concentrer spécifiquement sur les effets indésirables à court, moyen et long terme, la qualité de vie et la satisfaction des participants quant au changement des caractéristiques corporelles de l'homme à la femme par la thérapie antiandrogène et oestradiol seule ou en association. Elles devraient également se concentrer sur les effets relatifs de ces hormones lorsqu'elles sont administrées par voie orale, transdermique et intramusculaire. Nous inclurons des études de cohortes non contrôlées dans la prochaine itération de cette revue, car notre revue a montré que ces études fournissent les données probantes de la plus haute qualité actuellement disponibles dans le domaine. Nous tiendrons compte des limites méthodologiques lors de cette opération.

Contexte: 

La dysphorie de genre est décrite comme un décalage entre le genre vécu ou exprimé d'un individu et le genre qui lui a été attribué, en fonction de caractéristiques sexuelles primaires ou secondaires. La dysphorie de genre peut être associée à une détresse psychologique cliniquement significative et pourrait se traduire par un désir de changer de caractéristiques sexuelles. Le processus d'adaptation des caractéristiques sexuelles d'une personne au sexe désiré est appelé « transition ».

Les recommandations actuelles suggèrent une intervention hormonale et, si nécessaire, chirurgicale pour faciliter la transition des femmes transgenres, c'est-à-dire des personnes visant à passer du sexe masculin au sexe féminin. Chez l'adulte, l'hormonothérapie vise à inverser les attributs masculins du corps et à favoriser le développement des attributs féminins. Elle comprend généralement de l'œstradiol, des antiandrogènes ou une association des deux. De nombreux individus bénéficient d'abord une thérapie hormonale seule, sans intervention chirurgicale. Toutefois, cela ne suffit pas toujours pour modifier des attributs tels que la structure osseuse du visage, les seins et les organes génitaux tel que souhaité. Pour ces femmes transgenres, la chirurgie pourrait alors être utilisée pour soutenir la transition.

Objectifs: 

Notre objectif était d'évaluer l'efficacité et la tolérance d'une thérapie hormonale par antiandrogènes, estradiol ou les deux, par rapport à l'autre ou à un placebo, chez les femmes transgenres en transition.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans MEDLINE, le registre Cochrane des essais contrôlés (Cochrane Central Register of Controlled Trials, CENTRAL), Embase, Biosis Preview, PsycINFO et PSYNDEX. Nous avons effectué nos dernières recherches le 19 décembre 2019.

Critères de sélection: 

Nous voulions inclure des essais contrôlés randomisés (ECR), des quasi-ECR et des études de cohorte ayant recruté des femmes transgenres, âgées de 16 ans et plus, en transition d'homme à femme. Les études éligibles portaient sur les thérapies hormonales antiandrogènes et oestradiol, seules ou en association, par rapport à une autre forme d'intervention active ou de contrôle par placebo.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons utilisé les procédures méthodologiques standard attendues par Cochrane pour établir l'éligibilité des études.

Résultats principaux: 

Nos recherches dans la base de données ont permis d'identifier 1057 références, et après avoir supprimé les doublons, nous en avons examiné 787. Nous avons vérifié l'éligibilité de 13 études au stade de la sélection en texte intégral. Nous avons exclu 12 études et en avons identifié une comme étant une étude en cours. Nous n'avons identifié aucune étude achevée répondant à nos critères d'inclusion. L'unique étude en cours est un ECR mené en Thaïlande, comparant le traitement par valérate d'estradiol associé à la cyprotérone au traitement par valérate d'estradiol associé à la spironolactone. Le critère de jugement principal sera le taux de testostérone lors d'un suivi à trois mois.